La Lincoln K fut produite de 1930 à 1940. Elle fait partie de ces prestigieuses lignées de grandes voitures de luxe américaines à moteurs V12 et V16, commercialisées par Packard, Franklin, Pierce-Arrow, Cadillac, Peerless, qui fleurirent étrangement pendant la grande dépression consécutive au krach boursier de 1929. Ces grandes aristocrates faisaient le bonheur du monde de la finance, de l’industrie et du cinéma (et aussi de la maffia) face aux Rolls-Royce, Maybach, Hispano-Suiza, Mercedes-Benz et Isotta-Fraschini. Présentée avec un V8 385 ci (6,3 litres), la K sera également proposée avec un V12 à partir de 1932. Dès lors, les KA à moteur V8 seront proposée en parallèle avec les KB à moteur V12, puis les KA disparaitront en 1933, remplacées par une version équipée d’un V12 382 ci (6,3 litres). En 1934, les deux V12 sont remplacés par un seul moteur de 414 ci (6,8 litres) dérivé du V12 6,3 litres KA, toujours associés à une transmission manuelle à trois rapports. Les références KA et KB désigneront alors les deux empattements proposés de 3,45 m pour la KA et 3,68 pour la KB. Ces deux appellations disparaitront en 1935 pour une unique appellation K. Mais la grande dépression continue de faire des ravages, la concurrence est rude parmi les « multicylinders » et les rangs s’éclaircissent. La K continue à être produite avec parcimonie jusqu’à la fin de 1939 et la dernière sera livrée en janvier 1940. Contrairement à l’Europe et en particulier à la France, ces luxueuses voitures recevaient la plupart du temps des carrosseries « usines ». En fait, chaque constructeur proposait un volumineux catalogue de carrosseries dont certaines ne dépassaient souvent pas la dizaine. La voiture proposée est une limousine six places typique avec ses deux roues de secours latérales intégrées dans les ailes et son porte-bagage chromé à l’arrière.
Cette Lincoln K V12 de 1936, originaire de Pennsylvanie, a été restaurée il y a déjà quelques années et son aspect reste tout à fait présentable, même si quelques rayures et petits défauts apparaissent çà et là sur sa carrosserie. L’intérieur, tendu de tissu gris clair à l’avant et à l’arrière, est globalement bien conservé et propre, mais présente lui aussi quelques menus défauts. La banquette arrière tient plus du sofa que du siège automobile avec ses accoudoirs à l’élégante courbure et son repose-pied repliable. Le tableau de bord art-déco avec ses deux compteurs ronds et son épais bandeau supérieur en bois est en bon état, de même que les boiseries qui soulignent les hauts de garnitures de portières. La mécanique démarre et tourne, mais nécessitera quelques soins suite à une longue immobilisation. Rien que son V12 mérite amplement l’intérêt et devrait séduire les amoureux de belle mécanique.